Numéro 180-181
août-septembre 2004
( sommaire
)
Méditer
Qui te célèbrera dans le séjour des
morts ?
Maladie du corps ?
Maladie de lâme ? La profondeur du mal fait céder
la frontière entre les deux. Qui a réellement souffert
en son cur, en son esprit, en son intelligence, sait qualors
le corps se met à parler et que même les os peuvent exprimer
de lépouvante, le sang se glacer, la gorge se nouer, la
langue se dessécher. Et qui a réellement souffert en son
corps connaît les blessures qui simpriment dans lêtre,
transformé de fond en comble par lexpérience de
la douleur. Mais quel sens donner à la souffrance ? Par les mots
de sa prière, le psalmiste nous suggère une punition,
un châtiment ! Séparé de lui par les siècles,
nous nous offusquons certainement de cette interprétation. Pourtant
lêtre qui souffre sinterroge bien souvent dans ce
sens : est-ce une punition de Dieu ? Pourquoi ? Jusquà
quand ? Ou ny a-t-il que le vide ?
Mais la parole glisse vers une ouverture, vers une espérance.
Maladie du corps, maladie de lâme, ni dans lun, ni
dans lautre cas le désespoir nest de mise. Et, bien
étrangement, au moment où les larmes se mettent à
couler, elles en témoignent : toute épreuve, y compris
la tentation de sabandonner à la déréliction,
se vit devant Quelquun. Devant Celui qui par tous ses moyens,
qui ne sont pas les nôtres, sattache à rendre sa
présence sensible au cur de lhomme. Car cest
bien de cela quil est finalement question : de la présence
sensible de Dieu au cur de lhomme. Qui le célèbrera
dans le séjour des morts ? Qui, sinon celui qui entend dès
aujourdhui le chuchotement de sa présence. La prière
est donc cet espace et ce temps où lhomme peut croire quil
crie dans le vide au moment même où Dieu commence à
tisser en lui le sentiment de son indéfectible présence.
Alors vient cet instant où il dit, où il peut dire : «LÉternel
accueille ma prière.»
Florence
Taubmann
Éternel, ne
me punis pas dans ta colère,
Et ne me châtie pas dans ta fureur.
Fais-moi grâce, Éternel, car je dépéris ;
Guéris-moi, Éternel, car mes os sont tremblants.
Mon âme est toute tremblante,
Et toi, Éternel, jusques à quand ?
Reviens, Éternel, délivre mon âme ;
Sauve-moi, à cause de ta bienveillance.
Car dans la mort, on névoque point ton souvenir ;
Qui te célèbrera dans le séjour des morts ?
Je mépuise à force de gémir ;
Chaque nuit je baigne ma couche de mes pleurs,
Jarrose mon lit de mes larmes.
Psaume 6,2-8
haut
À lécoute du culte dominical : La salutation
Je vous propose dentrer
dans une série consacrée à la liturgie du culte
tel que nous la vivons dans lÉglise Réformée.
La liturgie est un dialogue dont lofficiant se
fait le porte-voix, relayé par les chants dassemblée.
Le premier à donner sa Parole, cest Dieu. Il nous précède,
il nous attend, il nous annonce sa grâce, sa paix, sa miséricorde.
Cest le temps de laccueil, de la salutation. Des textes
variés peuvent nous permettre dexprimer cette bénédiction
originelle et de la recevoir vraiment, au moment dentrer dans
le culte au milieu des frères et des surs. Voici deux textes
que des siècles séparent mais quune même intention
réunit : dire que tout est grâce.
Entrez vous tous qui
passez,
Entrez vous qui cherchez la vie,
Vous qui cherchez le bonheur.
Je vous invite à ma vie,
Je vous invite au pays des anges,
À lamitié du Père et de lEsprit-Saint,
À un repas éternel,
À ma fraternité,
Enfin à moi-même.
Je vous invite à ma propre vie.
Saint Augustin (354-430)
Dans les rues de nos
villes
Cest toi qui viens.
Les rues de bruit, les rues tranquilles,
Tu viens.
Dans nos fêtes, dans nos fautes,
Dans nos folies les plus hautes,
Nos soirs et nos aubes,
Tu viens.
Dans nos nuits de néon, dans nos jours de néant,
Dans nos rues de pavés, dautos, de solitude,
Tu viens.
Comme un ami,
Comme une paix,
La clarté dun amour, la paix dun royaume,
Seigneur tu viens.
Auteur inconnu (XXe siècle)
haut
Au fil dune pensée
Cest la mission prophétique du chrétien
dessayer de penser avant que lévénement ne
soit devenu fatalité. Il y a des moments où lhistoire
est souple, cest alors quil faut sinsérer à
lintérieur pour faire jouer les rouages.
Jacques Ellul
haut
En dautres lieux
Où que jaille,
tu es le compagnon
Qui me tient par la main et me conduit.
Sur cette route où je chemine,
Tu es mon seul soutien.
À mes côtés, tu portes mon fardeau.
En marchant, si je divague,
Toi, tu me redresses :
Tu as brisé mes résistances,
Ô Dieu, tu mas poussé en avant.
Tous les êtres, tous les hommes
Sont devenus mes frères bien-aimés.
Maintenant, ta joie me pénètre et mentoure,
Je suis comme un enfant qui joue dans une fête.
Toukârâm,
mystique hindou du XIIe siècle.
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