Dites-moi Monsieur le rabbin, êtes-vous…
Libéral ? Oui, mais alors distinctement de la mouvance sœur
dite judaïsme libéral ! Le mouvement « massorti »
(conservative) insiste davantage sur l’observance des codes traditionnels
tout en partageant le souci de s’inscrire résolument dans
la modernité. Il veut être fidèle à la discipline
et à la pensée religieuse tout en refusant un légalisme
excessif et la rigidité dogmatique. En ce sens, je me reconnais
dans la méfiance du protestantisme libéral vis-à-vis
de tout clergé autoritaire. Cela conduit à l’enfermement,
voire à l’intégrisme. Et les valeurs de la foi sont
trop précieuses pour qu’on les abandonne à une institution.
L’individu doit opérer ses choix de conscience à
la lumière de la confiance et de l’espérance en Dieu,
c’est-à-dire dans Ses valeurs pensées et discutées
! Ainsi, la sortie d’Égypte est un événement
communautaire passé, mais également personnel et présent,
et chacun est responsable du processus de salut inachevé. Concernant
la Loi ? Disons que je me retrouve dans l’Épître de
Jacques, quand il met l’accent sur la nécessité des
œuvres comme l’expression décisive de la foi. Le judaïsme
que je représente a une vision positive de la discipline religieuse
qui permet à l’homme de forger son être à plus
de sensibilité et plus de maîtrise de soi. Cela n’est
pas « politiquement correct » mais une certaine ascèse
me semble le principe régulateur trop oublié de la foi
et de l’amour qui demeurent, dans leur expression joyeuse, l’objectif
principal. Mais le grand défi qui nous attend en ce début
de millénaire, c’est l’accompagnement religieux de
la mondialisation, le défi de constituer avec les autres religieux
un vaste réseau spirituel, une « confrérie »
qui maintienne les spécificités tout en échangeant
les richesses, construisant ensemble le monothéisme universel.
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