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Numéro 176 - avril 2004
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Ferenc Dávid (vers 1515-1579)

Peu connu, le réformateur hongrois Ferenc Dávid a installé sans violence l’unitarisme en Transylvanie au xvie siècle. Son refus d’imposer ses convictions par la contrainte mérite une grande considération.

Né à Cluj vers 1515, formé à l’Université luthérienne de Wittenberg, Ferenc Dávid exerce de hautes responsabilités dans les Églises luthériennes de Transylvanie avant de se rallier au calvinisme en 1564, entraînant avec lui les luthériens hongrois. Il devient le fondateur de l’Église réformée de Transylvanie. Prédicateur de la Cour, il exerce une grande influence sur le roi Jean Sigismond.

 

David Ferenc prononcant l'Edit de Torda

Dávid Ferenc prononçant l'Édit de Torda, dans une peinture du XIXe. Une reproduction de qualité de cette peinture au format 40cmx51cm accompagnée d'un bref essai sur l'Édit de Torda, augmenté d'une brève notice biographique des principaux participants, représentés sur le tableau peut -être obtenue pour le prix de 25 Euros par commande adressée à la paroisse unitarienne de Bedford: Torda Painting , First Parish in Bedford, 75 The Great Road, Bedford, Massachusetts 01730

Biandrata, un médecin italien qui espère créer en Pologne et en Transylvanie un grand centre unitarien, expose à Dávid ses doutes sur la Trinité, et le convainc qu’elle n’a rien de biblique. Dávid, suivi par la population de Cluj, la majorité de l’élite intellectuelle et de la noblesse hongroise, et par le roi lui-même, devient unitarien. À ceux qui l’accusent de se rallier au judaïsme ou à l’Islam, il réplique :

« Dieu m’est témoin que ce que j’ai appris et enseigné ne vient ni du Coran, ni du Talmud ni de Servet, mais de la Parole du Dieu vivant. Mon enseignement se fonde uniquement sur ce que contient la Bible. »

En 1568, Dávid peut imposer dans tout le pays ses convictions, faire chasser, emprisonner ou exécuter ses adversaires qui ont essayé de l’éliminer. Pourtant il écrit au roi :

« Je supplie votre Majesté de ne pas blâmer ni sanctionner mes accusateurs. Ils doivent être laissés libres d’écrire, d’enseigner, de s’en prendre à moi. Ils doivent avoir la possibilité de m’attaquer comme ils le désirent. Ce sera Dieu qui défendra lui-même sa propre cause. »

En 1568, quatre ans avant la Saint Barthélemy, Dávid fait adopter par la Diète de Transylvanie, réunie à Torda en présence du roi, l’édit suivant :

« Nous décrétons que tout prédicateur est libre de prêcher et d’expliquer l’Évangile tel qu’il le comprend.[…] Aucun prédicateur ne doit être inquiété et sanctionné par les autorités civiles ou ecclésiastiques à cause de son enseignement. Personne ne doit être privé de travail ni emprisonné, ni puni de quelque manière que ce soit à cause de ses opinions religieuses. Car la foi est un don de Dieu, et elle vient de l’écoute de la Parole de Dieu. »

Partout en Europe, protestants et catholiques emprisonnent, torturent, tuent des gens à cause de leur foi. La majorité des européens d’alors considèrent la Transylvanie comme une contrée barbare, inculte, mal civilisée. Ceux qui, à la même époque, défendent la bonne doctrine par le fer, le feu et le sang jugent que ce roi Jean Sigismond et ce pasteur Ferenc Dávid sont de mauvais chrétiens, qui blasphèment Dieu et souillent l’Évangile. Étrange aveuglement de consciences par ailleurs sincères.

En 1571, à la mort du roi Jean Sigismond, les grandes puissances, Allemagne et Turquie, écartent le successeur qu’il avait désigné. Les unitariens perdent leurs soutiens politiques. Un acte d’accusation est dressé contre Dávid. En avril 1579, le procès s’ouvre. Ses accusateurs, des calvinistes, demandent sa mort. Le nouveau pouvoir le condamne à l’emprisonnement à perpétuité. On l’enferme dans le château à Déva. Personne n’a le droit de le visiter, et on ne sait rien sur ses derniers mois. Il meurt en novembre 1579.

Ferenc Dávid a des carences et des défauts. Il manque de prudence aussi bien théologique que politique. Il ne s’est pas beaucoup soucié d’organiser l’Église. On peut trouver légères ses opinions doctrinales. Ses écrits présentent des faiblesses et des médiocrités, et ne soutiennent pas intellectuellement la comparaison avec ceux de Luther, Zwingli, Calvin ou Castellion. Des ombres existent. Elles n’empêchent pas d’être sensible à son authenticité spirituelle, à sa volonté de réflexion personnelle et surtout à son refus d’imposer par la force ses convictions. feuille

André Gounelle

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