L'être humain
s'est beaucoup interrogé sur l'animal, à la fois si proche
et si différent de lui (voir L. Ferry et C. Germé, Des
animaux et des hommes, Livre de poche, 1994, recueil de textes depuis
le quinzième siècle jusqu'à aujourd'hui). Dans
sa réflexion, deux questions revien-nent souvent.
Premièrement, les animaux ont-ils une âme
? Les uns l'ont nié, allant par-fois jusqu'à les assimiler
à des « machines ». D'autres ont répondu «
oui », mais pour les distinguer des humains, la plupart ont considéré
que cette âme n'était pas immortelle.
Deuxièmement, les animaux ont-ils des droits?
Peut-on intenter des procès en leur nom, obtenir des condamnations
et de réparations pour les torts qu'on leur cause ? Ont-ils une
personnalité ou une capacité juridique?
Le problème de la nature et du statut de l'animal,
que soulèvent ces questions, est important. Sera-t-il un jour
résolu ? En attendant, n'oublions pas nos devoirs envers les
animaux, c'est-à-dire ce que nous leur devons, nos dettes à
leur égard. Si certains sont dangereux pour nous (par leurs attaques
ou par les maladies qu'ils transmettent), ou nous sont désagréables
(mouches, mous-tiques, cafards), beaucoup ont facilité, voire
rendu possible la vie des humains en leur apportant nourriture (oeufs,
lait, viande), vêtements (laine, peaux), force et vitesse (boeufs,
chevaux), affection (chiens, chats de compagnie), voire distraction,
sans compter l'expérimentation animale, souvent cruelle, de la
médecine.
Cette dette énorme, nous la paierons seulement
en partie en les respectant, en évitant de les faire souffrir,
en les soignant. Ni les élevages intensifs, ni les courses de
taureaux, ni la chasse pour le plaisir, ni peut-être le cirque
ne répon-dent à cette exigence. En dehors de toute considération
sur leur nature et leur statut, et sans tomber dans des exagérations,
la justice la plus élémentaire demande qu'en échange
de ce qu'ils nous ont apporté, nous ayons le souci des animaux.
André
Gounelle