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Numéro 175 - mars 2004
( sommaire )

Dans le monde et dans les Églises

Chine

L’agence de nouvelles Eglises d’Asie vient de publier un document officiel tiré de la “leçon n° 7” du nouveau manuel chinois à l’usage des étudiants étrangers. Le texte consacré aux “religions et croyances en Chine” part du principe que “beaucoup d’Occidentaux pensent que les Chinois n’adhèrent à aucune religion et n’ont pas leur propre religion [...] comparés aux Occidentaux ou aux autres peuples d’Asie.”

Or, explique le manuel, “depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le gouvernement encourage les gens à compter sur leurs propres efforts et sur leur dur labeur pour favoriser la prospérité du pays, plutôt que de croire aux esprits et divinités et n’encourage pas non plus à croire à la force des religions”. S’il y a bien eu, en Chine comme ailleurs, une religion primitive chinoise : “il y a plusieurs dizaines de milliers d’années, les peuples primitifs ne disposaient pas de bonnes forces de production” et n’ayant pas de nourriture et de vêtements “ils avaient besoin de s’en remettre à la bonté du Ciel et de la Nature” et pratiquaient un “culte du Ciel et de la Terre” avec le culte des ancêtres et des Héros de la nation chinoise.

Puis le manuel énumère des religions “à dimension nationale chinoise” : taoïsme, bouddhisme. Quant au confucianisme, qui n’est pas une religion, on lui reconnaît un rôle “plus important qu’aucune religion dans le développement de la culture ancienne du pays”. Enfin le christianisme, connoté comme conflictuel avec la culture traditionnelle chinoise et identifié à la civilisation occidentale ce qui explique sa difficulté à s’implanter. La “leçon 7” reconnaît tout de même qu’il est “l’une des religions les plus influentes dans le monde et rassemble beaucoup de Chinois”.

Les Chinois seraient plus sensibles que d’autres aux avantages pratiques des religions et donc naturellement syncrétistes et “préfèrent laisser les dieux vivre en harmonie et ne les invoquer que quand ils en ont besoin. Les Chinois n’ont donc ni grand amour, ni grande haine envers les religions. Leurs pratiques et leurs offrandes ne sont jamais inconditionnelles”. Pragmatiques, ils suivent le conseil : “Ne brûle pas d’encens quand tout va bien, mais étreins les pieds du Bouddha quand tu es en détresse.”

Conclusion : “Un certain nombre de gens sont enclins à croire qu’il y a quelque chose plutôt qu’à croire qu’il n’y a rien du tout.” Avec ce texte officiel étonnant, la Chine très soucieuse de sa bonne image auprès des étrangers, veut sûrement apparaître comme tolérante – même s’il ne faut pas oublier que l’enseignement du marxisme athée est toujours matière imposée dans l’éducation, de la primaire à l’université et le serment d’athéisme obligatoire pour adhérer au Parti communiste. Il est dit aussi clairement, dans cette “leçon n° 7”, que la religion est le produit de l’ignorance et de la pauvreté, utilitaire et peu sérieuse et destinée à disparaître ! Eglise d’Asie donne alors le commentaire suivant : “Jamais dans ce manuel, la religion n’est considérée comme une quête spirituelle, une recherche du sens de la vie ou une tentative de communiquer avec la transcendance. L’essentiel des préoccupations des Chinois serait ailleurs.”

On peut alors se demander pourquoi le gouvernement chinois déploie de nos jours encore une telle énergie à contrôler et à sévir contre des religions tellement inoffensives ! Les persécutions terribles lors de la prise du pouvoir par les communistes, durant la Révolution culturelle ou encore aujourd’hui, bien que moins intenses, contre le Falungong, les chrétiens qui refusent d’entrer dans les associations gouvernementales, les moines tibétains, les musulmans du Xinjiang, etc. ne seraient donc que des “encouragements” à ne compter que sur sa force de travail et à ne pas s’en remettre aux religions ! On peut aussi penser que la “leçon n° 7” est un avertissement aux étudiants étrangers qui voudraient communiquer leur foi : les Chinois, leur disent les autorités, ne sont pas très intéressés par les religions, ce ne sont pas de bons croyants. Ne vous lancez pas dans une aventure hasardeuse, vous seriez déçus du résultat ! feuille

Claudine Castelnau

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États-Unis

Le président américain ne veut pas entendre parler de justice pour les “ combattants ennemis ” de l’Amérique. Le Conseil national des Eglises des Etats-Unis (protestants et orthodoxes), le Comité juif américain, le Cercle musulman nord-américain, l’association de défense des droits de l’homme Human Rights Watch et une dizaine d’autres groupes ont demandé à la Cour Suprême des Etats-Unis que les Etats-Unis mettent fin à la violation de la Convention de Genève (1949) sur le traitement des prisonniers de guerre et que les 660 prisonniers détenus sur la base navale de Guantanamo aient enfin un procès équitable. Ces hommes et adolescents, suspectés d’être des membres d’Al Qaida et pour la plupart capturés en 2001 en Afghanistan, croupissent depuis à Guantanamo vêtus de costumes orange, les menottes aux mains, n’ont ni avocat ni contact avec leur famille et sont privés de tous droits. Le ministère de la Défense a refusé au secrétaire général du Conseil des Eglises des Etats-Unis de visiter les prisonniers lors de son voyage à Cuba en décembre. feuille

Claudine Castelnau

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France

Ça suffit ! Le Monde du 20 janvier s’est fait l’écho d’une rencontre entre l’ancien président Jimmy Carter et le candidat à l’investiture démocrate Howard Dean. La légende de la photo disait : « Les deux hommes ont assisté à la messe. » Les protestants vont à la messe ! Peut-être le rédacteur ignore-t-il qu’un seul président des États-Unis a été catholique : Kennedy. Plus probablement, ne sait-il pas que le service religieux protestant s’appelle un culte. Le 27 janvier, au courrier des lecteurs du Monde, Marc Vignal, qu’il convient de remercier, stigmatise cette erreur et l’inculture religieuse qu’elle exprime. Une fois de plus. Je m’étonne qu’il faille les lignes bienvenues d’un simple fidèle pour mettre les choses au point. Tant qu’aucun personnage « officiel » de nos Églises protestantes ne réagira pas fortement à de telles erreurs où se mêlent inculture et mépris, prendra-t-on véritablement au sérieux nos rectificatifs dans un pays fasciné par l’autorité épiscopale ou autre, et si peu par les « laïcs » de la base ? Laissons-nous donc nier dans notre identité sans rien dire et, surtout, ne protestons pas quand une émission de télévision invite à un débat un rabbin, un imam, un évêque catholique, mais aucun pasteur. Un dernier point : Jimmy Carter et Howard Dean auraient pu « assister » à une messe, mais non pas à un culte : on n’y assiste pas, on y participe ; il n’est pas un spectacle. feuille

Laurent Gagnebin

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