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Numéro 174 - février 2004
( sommaire )

Dieu et les animaux

Prier pour les animaux ?

Dans ses Souvenirs de mon enfance, Albert Schweitzer écrit ceci : « Je n’arrivais pas à comprendre, et cela déjà avant mon entrée à l’école, pourquoi, dans la prière du soir, on ne me faisait intercéder que pour les êtres humains. »

On sait que le principe du respect de la vie était, pour Schweitzer, une manière de retrouver, par la réflexion, l’amour du prochain tel que l’enseigne Jésus, mais élargi à une dimension universelle. Cet exclusivisme de l’être humain dans l’éthique chrétienne est, pour Schweitzer, sa « grande lacune ». Je me rappelle que, la première fois où, au cours du culte de l’Oratoire à Paris, je ne me suis pas contenté de prier pour tous les hommes, mais bien pour tous les êtres vivants, Théodore Monod vint, à la fin du culte, me remercier pour cela et non pour ma prédication ! Dans une telle perspective, la prière d’intercession ne mérite-t-elle pas la belle appellation catholique romaine, à savoir celle de prière universelle ?

Assurément, il y a, dans toute prière d’intercession, un lien étroit entre nos paroles et nos actes. « Prier, c’est exaucer Dieu », disait Wilfred Monod. Joindre les mains, ce n’est pas se croiser les bras. Prier pour les animaux, ce sera par conséquent aussi lutter contre les souffrances injustes que nous leur infligeons.

Prier pour les êtres vivants, sans autre précision, peut paraître absurde. « Je suis plein de sympathie pour les êtres vivants, quels qu’ils soient », lisons-nous dans Les carnets de Théodore Monod. De manière un peu simple, peut-être, mais combien sage, n’est-il pas juste alors de penser que Dieu reconnaîtra les siens ? Il y a peut-être bien quelque chose de cette Église invisible, et de sa reconnaissance, dans une prière qui, se tournant vers Dieu et cela sans privilégier tel ou tel être vivant, lui remet alors la création tout entière.

Certains s’interrogent sur le statut d’une prière d’intercession ; elle leur paraît attirer, de manière presque impie, l’attention de Dieu sur celles et ceux dont il connaît mieux que nous l’existence et les souffrances. Mais, dans un certain sens, qui me paraît tout à fait décisif, il me semble que la prière universelle n’est pas tant un prier pour qu’un prier avec. Puis-je, de façon assez égocentrique ou anthropocentrique, oublier le reste de la création à l’heure de la prière ? feuille

Laurent Gagnebin

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