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Numéro 174 - février 2004
( sommaire )

Débattre

Malaise pastoral… Au seuil d’une réforme ?

La perte de sens, l’opacité de l’avenir, la dilution des idéologies dans l’économique alimentent un malaise général dans les sociétés occidentales. À l’instar des cadres,enseignants, médecins, les pasteurs sont touchés par ce problème. Ce malaise est accentué ici par des questions touchant la relation qu’il y a entre les pasteurs et les conseils presbytéraux. Questions, conflits, difficultés, défis de tous ordres sont à gérer tout au long d’un ministère pastoral auquel la progression de l’indifférence religieuse – ou l’intérêt pour d’autres religions – ont fait perdre du prestige. Mais ces problèmes réels, signes d’une mutation de la société, de l’Église et du ministère pastoral, peuvent être dépassés précisément dans le cadre du ministère qui n’est pas un métier – même s’il nécessite du métier !

L’exercice du ministère est avant tout réponse à un appel de Dieu. Il est vocation par excellence dans laquelle le ministère de l’Église et celui du pasteur puisent la source du sens. Annoncer la Bonne Nouvelle est toujours quelque chose d’extraordinaire. Cette annonce se dit, se communique, se vit dans la variété : cultes, visites, études bibliques et théologiques, prière, catéchisme, etc. Autant d’activités qui permettent aux charismes des uns et des autres de s’exprimer pleinement auprès de populations très diverses.

Ce ministère-là ne peut que s’exercer dans le partage et la complémentarité. Aussi dans l’émerveillement de la grâce annoncée, partagée. La vocation doit permettre aux ministres de dépasser leur malaise.

Si ce malaise peut être apaisé dans le recentrage des fonctions et dans le rappel de la vocation, il n’en demeure pas moins que des aspects techniques de l’exercice des ministres peuvent être revus.

À quoi correspond aujourd’hui le genre de vie d’un pasteur ? Diplômé du supérieur, au service d’une vocation qui le mobilise au moins 70 heures par semaine – comme le soulignait un professeur de théologie –, le pasteur « profite » d’avantages en nature – pas toujours très avantageux puisqu’il s’agit principalement du logement dont l’état et la situation sont extrêmement variables d’une paroisse à l’autre. Quant à la feuille de paye, elle est proche du SMIC. Deux conséquences graves : les conjoints de pasteurs travaillent de plus en plus souvent, ce qui nuit gravement à la mobilité du corps pastoral et au pourvoi des postes isolés. Ensuite, le pasteur a du mal à assurer sa formation continue compte tenu du prix des ouvrages de théologie, philosophie, sociologie qu’il doit travailler et avoir chez lui. Il est vrai que des bourses de livres et des aides locales peuvent atténuer ce problème.

Langage convenu et langue de bois, dans ce domaine comme dans d’autres, deviennent insupportables. Dire par exemple que les salaires des pasteurs sont les mêmes pour tous est tout à fait vrai sur le papier mais faux dans la réalité. La variété des paroisses, leur taille, le nombre de foyers, leurs activités ne mettent pas du tout les pasteurs dans des situations de travail équivalentes. Quel est l’éventail exact du salaire horaire d’un pasteur ? Autre question gênante : pourquoi tant d’abandons temporaires ou définitifs du ministère pastoral ?

En fait poser les questions du ministère pastoral, c’est poser la question du fonctionnement même de l’Église. En pleine révolution des médias et des transports, le ministère de l’Église et de ses serviteurs doit sûrement évoluer rapidement et profondément sous peine d’une fossilisation de notre Église. Réfléchir aux découpages géographiques des régions et des postes pastoraux, aux moyens donnés aux ministres semble une nécessité absolue. Rendre obligatoire la formation et le suivi des ministres est impérieux. Créer un corps de ministres « laïcs » formés, reconnus et aidés financièrement est une question qu’il ne faut pas éluder. Dans ce cadre, le régime presbytérien-synodal est peut-être lui-même à revoir. Ici la question est : avons-nous vraiment la volonté de changer ? feuille

Vincens Hubac

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