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Numéro 173 - janvier 2004
( sommaire )

Billet

Je m'ennuie

J’ai, dans la vie, un certain nombre de passions, dont la théologie et la politique. Mais aujourd’hui -je m’y ennuie. Dans les débats pré-électoraux censés donner les grandes orientations pour la société,

on discute chiffres et non plus idées. La dernière idéologie à la mode c’est qu’il n’y a plus d’idéologie ! Dans mon enfance, je me souviens m’être battu avec d’autres enfants parce que leurs parents ne votaient pas comme les miens. Ridicule ? Certainement, mais tellement moins que la mollesse actuelle. Sans idées, plus de débats ; sans débat, on donne le pouvoir à Mammon.

Honoré Daumier : "Une séance de l'Union électorale"

Il en va de même dans nos débats d’Églises. On y confond la réflexion et l’organisation, la théologie et la cuisine… Et si jamais on ose une posture théologique un peu claire, on est taxé de rétrograde. Les débats entre libéraux et orthodoxes, c’est du passé, paraît-il… Aujourd’hui (et je l’ai entendu), on a une théologie « biblique ». Cela est une double insulte : les grands théologiens auraient-ils oublié la Bible ? La Bible est-elle un ouvrage si fade que ne s’en dégagerait qu’une seule théologie ? Et qui serait alors habilité à dire quelle est cette théologie ? Là encore, sous couvert d’un certain pragma-tisme, on érige un magistère d’autocensure, un magistère du théologiquement correct, qui masque en réalité une vraie pauvreté théologique. Il paraît que mon Église a la réputation d’être « intellectuelle ». Comme j’aimerais que cela soit vrai ! Mieux encore, on veut revenir à un rôle prophétique de l’Église ; j’applaudis des deux mains. Mais on a l’impression d’être courageux quand on se contente de critiquer négativement les politiques au pouvoir. Ce faisant, on est parfaitement à la mode. Ouvrez n’importe quel journal (hormis Evangile et liberté, bien sûr,…) et vous y découvrirez à chaque fois de longs articles dégoulinant de critiques faciles, à la limite du poujadisme.

est aujourd’hui notre force prophétique de proposition ? Quelle vision globale de la société pouvons-nous oser ? Quelle parole courageuse avons-nous ? Nous nous approcherons un peu plus de la Vérité lorsque nous rentrerons dans un véritable « conflit des interprétations », selon la formule de Ricœur. Encore faut-il que nous osions des interprétations. Ce sera l’objet des billets à venir… feuille

Jean-Marie de Bourqueney

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