Chère Rachel
Ce verset est assez célèbre. Il annonce la victoire
de l'Éternel au jour où le salut qu'il veut pour l'humanité
sera réalisé. Autrement dit, au jour de victoire du
Messie.
Au sens littéral:
Comme, autant que l'on sache, les loups et les agneaux ne vont
toujours pas vraiment bien ensemble, encore aujourd'hui, cela montre
que cette victoire finale de Dieu n'est pas encore réalisée.
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On peut en déduire, comme le font certains juifs, que
le messie n'est donc pas encore venu, parce que sinon les loups
ne croqueraient plus les agneaux mais brouteraient de l'herbe
comme prévu dans le début de la Genèse.
-
Mais on peut aussi en déduire, comme le fait l'évangile
et la tradition chrétienne (c'est-à-dire en particulier
des juifs qui reconnaissent que Jésus est le Messie),
que le Royaume de Dieu ne vient pas d'un coup en un éclair,
mais qu'il vient progressivement, qu'il s'approche. Nous croyons
qu'en Christ, cette étape ultime dans la création
de Dieu et dans le salut de l'humanité tout entière
arrive, mais qu'il faut encore néanmoins l'attendre et
travailler à le faire venir. Voir par exemple:
- Jean 4:23 "l'heure (du Messie, de la réalisation
de Royaume de Dieu) vient, et elle est déjà
venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père
en esprit et en vérité." => il y a du
"déjà là" et du "pas encore".
- Luc 10:9 "dites-leur: Le royaume de Dieu s'est approché
de vous." => pas complètement là
- Matthieu 6:10 ".Notre Père... que ton règne
vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme
au ciel." => le règne de Dieu et sa volonté
ne sont pas complètement réalisé.
Ce verset que vous citez est ainsi fondamental, en particulier
vis-à-vis de l'objection hyper-classique de certains athées
: "S'il y avait un bon Dieu il n'arriverait pas toutes ces
catastrophes" Et bien si, justement. Il y a des catastrophes
et c'est pour cela qu'il vaut la peine de s'intéresser à
Dieu : il est la source de la vie et du bien, il travaille sans
cesse à la croissance de ce bien. La création est
encore en cours + il nous propose d'y prendre une part active. Cf.
dans le "petit
dico" que j'ai mis en ligne le passage concernant la création
et la question de l'existence du mal.
Au sens spirituel :
Ce verset parle de notre vie spirituelle. Dieu a en effet également
un projet de vie et de salut pour chacun de nous. Il y a du désordre
et de la violence en nous, des contradictions entre nos désirs
divers, entre nos aspirations et nos capacités... Bref, ce
serait formidable que Dieu crée en nous un peu de paix (intérieure).
C'est ce qu'il nous promet ici. Cela ne se fait pas en 1 coup de
baguette magique, mais comme une naissance + croissance.
Ce verset montre quelque chose d'important quand on compare le
salut biblique & chrétien à la solution du bouddhisme.
Tous les 2 notent la difficulté de vivre & constatent
que cela vient du chaos des désirs en nous. Pour dire vite
(très) le bouddhisme propose de solutionner la question par
le non-désir. La Bible propose une solution diamétralement
opposée, les désirs en eux-mêmes sont bons,
mais l'ensemble des désirs peut être harmonisé,
structuré, sublimé par l'action de Dieu. Ainsi, mon
désir "d'être quelqu'un" peu s'exprimer en
écrabouillant les autres, il peut progressivement aussi s'exprimer
dans le service des autres, ce qui est infiniment plus épanouissant
pour moi et pour mon entourage.
Le sens moral :
Il est assez immédiat à développer, nous
proposant de recevoir la présence de Dieu comme solution
à notre incapacité à faire la paix entre nous
par nos propres forces. Commençons par nous réconcilier
avec Dieu, sans négliger pour autant de tenter de vivre et
travailler à cette réconciliation relationnelle, sociale,
économique... qui fait partie de sa volonté.
Vous trouverez peut-être également quelques pistes
dans une de mes prédications sur Ésaïe
11 qui donne le même verset que celui qui vous intéresse.
Fraternellement + Bravo de lire la Bible,
Marc Pernot
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