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L’Apocalypse : une confession de foi pour un bi-millénaire ?

Un langage symbolique

L’auteur ne peut pas parler ouvertement de Rome, de l’empereur, de ses généraux. Il utilise donc un langage symbolique : Rome est remplacée par “Babylone” dont les Juifs avaient gardé le cuisant souvenir de la déportation sous Nabuchodonosor au 6è siècle avant J.C. Le dragon (Apo 12) est une autre façon de parler de Satan (Rome ?), la bête qui monte (Apo 13) représente la puissance persécutrice romaine.

On sait que l’empereur Domitien demandait à ses sujets une obéissance assortie d’une adoration quasi-religieuse. Les insoumis, parmi lesquels les chrétiens qui confessaient que Jésus (et non César) est seigneur, s’exposaient aux représailles.

Quel est le message de l’Apocalypse ?

L’auteur de l‘Apocalypse, ou le rédacteur final, compatit avec les frères persécutés.S’il insiste longuement sur les difficultés et les souffrances, c’est pour faire comprendre qu’elles peuvent durer ou reprendre. Que les destinataires sachent qu’il est, lui aussi, banni à cause de la foi, et qu’il faut tenir ferme contre l’oppression.

Dieu semble absent.Il n’oublie cependant pas ses fidèles.Ils sont inscrits dans le “livre” et, un jour, ils auront part à la “victoire” finale qui sera le fait de Dieu. Entre temps, le messie intervient.Et quoi que l’on puisse penser au sujet de la mort du Christ en la personne de Jésus et quelles que soient les difficultés que puisse rencontrer le messie-roi, celui-ci triomphera !

Le livre est porteur d’un message à des croyants du premier siècle. Mais alors, n’est-il pas dépassé, difficile, inaccessible ?Il est pourtant témoin de la foi d’une époque. Or, tout témoin nous interpelle…, son message nous touche.

Un message pour notre temps : Tenir bon et croire à l’avenir du monde !

L’Apocalypse n’est ni un livre de chevet - gare aux insomnies si la lecture restait littérale ! Ni un livre de recettes faciles pour questionnement métaphysique. Son message n’est ni celui des Témoins de Jéhovah qui voient la réalisation de telles prophétie dans les événements contemporains ! Ni celui des piétistes de tous bords se disant inspirés du Saint-Esprit pour oser donner en parole divine leurs propres divagations.L’idée du retour d’un Christ doit être traduite ainsi : Dieu pourvoit.

Le maître mot reste la foi en une force et une volonté divines supérieures -supérieures au pouvoir des maîtres de l’époque et de ceux qui, de tout temps, ne défendent que leurs propres intérêts : Dieu garde le dernier mot. Ceux qui, malgré le poids écrasant de la situation présente, ne perdent pas la foi, ont la conviction que Dieu ne les perd pas de vue. Leur foi leur offre de vivre dans une dignité qui leur est refusée par les tenants du pouvoir. L’avenir reste ouvert sur un nouveau “royaume”, qui ne sera d’ailleurs pas au ciel, mais “sur la terre” ! Quelle que soit l’idée que nous nous faisons d’un tel royaume, y “croire” consiste à prendre notre part à son avènement, à sa construction.C’est ainsi que nous sommes disciples du maître de Nazareth et que nous accueillons sa royauté, sa messianité.

Face à la difficulté de vivre ensemble aujourd’hui : ne pas perdre la foi.

A ceux qui croyaient que la civilisation apporterait le bonheur, que la conscience de l’histoire et des échecs humains, des guerres et des horreurs qu’elle entraîne ou qui la provoquent, éviterait de nouvelles catastrophes humaines, et constatent aujourd’hui que la bête immonde de la tentation de tout détruire, à commencer par l’autre que soi, provoque des ravages inattendus dans tous les continents du monde et même à notre porte, l’Apocalypse rappelle que tout est toujours possible. Non seulement faut-il veiller, mais savoir aussi que l’on peut être pris dans l’engrenage, comme le sont les centaines de milliers de victimes de ces dernières années du 20è siècle. Pour ceux qui croient que la vie ne vient pas de nulle part et que Dieu garde le dernier mot, il reste, au-delà des exactions, un avenir ouvert. Dieu nous appelle à y collaborer dès maintenant, sans perdre la foi, en dépit de tout ce qui viendrait contrarier le vivre-ensemble de l’humanité.

Ernest Winstein

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