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Les défis de la représentation de Dieu

 

En 2006, suite à l’affaire des caricatures de Mahomet en Suède, François Boespflug publiait Caricaturer Dieu ? Pouvoir et danger de l’image. Après les assassinats à Charlie Hebdo en 2015, l’auteur reprend le sujet en s’interrogeant sur un droit au blasphème revendiqué au nom de la liberté d’opinion et d’expression, sur la violence suscitée et sur les nombreuses incompréhensions.

Dépassant la crise, le tumulte, le chaos, il étudie en un long parcours historique les trois grandes religions et leurs représentations du divin.

François Boespflug affirme son point de vue : la nécessité d’une certaine retenue, condition, dit-il, d’une vie paisible ; il veut « écrire pour tous ceux qui croient qu’une paix juste et durable est encore possible et toujours à espérer ».

L’érudition de ce spécialiste de l’histoire de l’iconographie religieuse nous aide à comprendre en quoi Israël opère une rupture inouïe par rapport à l’antiquité pour obéir à son Dieu, Yahvé, qui dit ne vouloir ni d’un temple, ni d’une statue. Il finira néanmoins par tolérer un temple.

Le second chapitre expose la position du christianisme, croyance en un Dieu qui s’est fait homme en Jésus Christ. L’auteur démontre par de nombreux exemples qu’« après une phase d’aniconisme le christianisme est devenu une religion iconophile. La tentation de l’iconophobie et surtout celle de l’iconoclasme ayant été repoussée ». La figuration de Dieu en Christ a été légitimée par le concile de Nicée II en 787. Que le lecteur ne s’effraie pas du vocabulaire car un lexique le guide. Le lecteur protestant pourra être réticent devant l’emploi d’images métaphoriques telles que : « Dieu Gardien, Époux, Rocher ». Le propos est illustré par un échantillon de caricatures antichrétiennes. L’auteur traite aussi du blasphème et de ses punitions. Il aborde jusqu’à l’art du XXIe siècle.

La troisième partie traite de l’islam, de la prohibition de l’image de Dieu et de toute image cultuelle, puis nuance en ce qui concerne l’image du prophète.

Après l’étude de la légitimité théologique des images, un quatrième chapitre élargit le propos aux questions de leurs pouvoirs, évoquant « le retour du refoulé et l’émotion reine ou encore la vertu de la symbolisation, la question de l’honneur et de l’humiliation ».

À notre époque de diffusion massive d’images, ce livre argumenté alerte bien au-delà de son strict propos. L’auteur veut tenir un équilibre où « le dernier mot doit revenir à l’affirmation de la liberté, dans la dignité, l’humour et la maîtrise de soi ». « La pire caricature morale de Dieu, la plus irréligieuse, qui vraiment le défigure et que rien ne justifie, pas même les pires caricatures de Dieu, est de tuer l’homme, qui est à l’image de Dieu. »

François Boespflug, Religions et caricatures. Les défis de la représentation, Montrouge, Bayard, 2016, 250 pages.

 

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À propos Michèle Pourteau

a été enseignante en IUFM pour la formation des professeurs des écoles. À la retraite, elle poursuit des activités de formation, que ce soit au Bénin à Songhaï, centre de formation agricole pour l’élaboration des projets d’entreprise des agriculteurs, ou dans le cadre d’une université de théologie en ligne (domuni.org).

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