Les éditions Karthala ont publié, ces dernières années, des ouvrages qui nous sont chers, comme les livres de l’évêque anglican John Shelby Spong ; mais elles éditent aussi un grand nombre de témoignages émanant de chrétiens engagés en Amérique latine ou dans le monde ouvrier. C’est dans ce registre que se situe le livre du Père Michel Thoorens : le parcours d’un prêtre qui eut le plus grand mal à faire accepter par sa hiérarchie son projet d’un ministère auprès des mariniers et des plaisanciers. Le récit de sa carrière souvent chaotique (la mesquinerie ecclésiastique dépasse toute imagination !) s’approfondit en une réflexion sur les évolutions et les reculs pastoraux et théologiques de l’Église catholique pendant ce dernier demi-siècle.
Le Concile Vatican II (1962-1965) a fait clairement apparaître deux conceptions irréconciliables de l’Église, même si les documents produits tentent des synthèses cousues de fil blanc. Au cours des quatre sessions du Concile, les évêques « d’ouverture », alors majoritaires, ont tracé le portrait d’une Église missionnaire, en dialogue avec le monde actuel. En face et en dialogue de sourds avec eux, des prélats alors minoritaires se cramponnaient à la conception de l’Église issue du Concile de Trente : dogmatique, cléricale et autoritaire.
Mais les rapports de force se sont inversés sous les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI. D’où les spectaculaires reculs catholiques, ces dernières années, en matière théologique, pastorale, liturgique – sans parler de l’oecuménisme ou de ce qu’il en reste.
Le portrait que Michel Thoorens brosse de son Église est comme une caricature qui, avec ses outrances (hélas bien réelles et douloureusement vécues), questionne toutes les Églises chrétiennes sur leurs propres dérives, leurs contradictions ou leurs excessives prudences.
Pour faire un don, suivez ce lien