Le Jésus de l’histoire

Dans ce livre destiné au grand public, Christian-Bernard Amphoux, spécialiste des langues et manuscrits anciens, expose les résultats de longues années de recherches sur les évangiles. Il bouscule bien des clichés en affirmant que Jésus est né dans une riche famille de Jérusalem, qu’il vient d’un milieu aristocratique, qu’il a fait des études poussées et étendues, qu’il parlait grec et a probablement enseigné dans cette langue. Sur tous ces points, il propose des hypothèses solides. Il me paraît plus discutable, mais bien possible, que Jésus ait été, par sa naissance et sa culture, un candidat potentiel aux fonctions de grand prêtre. Contre les autorités religieuses et politiques d’Israël, jugées illégitimes par les juifs pieux, il aurait pu cristalliser une insatisfaction et offrir une alternance très dangereuse pour les pouvoirs en place, d’où son procès et son exécution. Par contre, la reconstitution des années qui suivent la mort de Jésus ne m’a pas convaincu. Je la trouve compliquée, hasardeuse, fondée sur des exégèses parfois acrobatiques. Elle me semble tomber dans ce que Castellion appelait « la témérité de l’affirmation » et accumuler des suppositions séduisantes mais invérifiables, trop vite considérées comme démontrées. Il vaut cependant la peine de prendre connaissance, même si c’est pour le discuter, de ce Jésus insolite. Ce livre ne s’occupe pas de l’articulation entre histoire et spiritualité ; il ne traite pas (ce n’est pas son objet) du Christ de la foi, autrement dit de ce que représente Jésus pour le croyant d’aujourd’hui. Mais il éclaire bien des pages des évangiles

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