Salades de fêtes

On parle d’inscrire dans la liste officielle des jours fériés l’Aïd el Kebir et le Yom Kippour. Pour ne pas augmenter le nombre de jours de congé, quelques fêtes chrétiennes ne seraient plus chômées.

Certains récusent un tel changement au nom de la laïcité qui n’admettrait de reconnaissance publique ni des cultes ni de leur fêtes. La religion devrait se cantonner dans le privé. Ils oublient que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme proclame le droit de « manifester sa religion … tant en public qu’en privé » (art. 18).

D’autres y voient une agression contre les chrétiens. « C’est un mauvais coup porté au catholicisme », aurait dit un évêque. Je ne partage pas cet avis. Les chrétiens peuvent bien, dans un geste d’ouverture, renoncer aux lundis de Pâques et de Pentecôte qui n’ont aucune signification religieuse, voire à l’Ascension ou au 15 août (qui, à l’origine, a été officialisé parce que c’était l’anniversaire de Napoléon Ier).

Insérer dans notre calendrier civil deux de leurs fêtes serait une manière de dire aux musulmans et aux juifs qu’ils sont aussi chez eux dans notre République, s’ils le souhaitent et en respectent les règles. Le choix des jours fériés n’a pas grande incidence ni politique ni spirituelle. Qu’il provoque des crispations ne relève pas de convictions religieuses, théologiques ou philosophiques, mais témoigne de la difficulté que nous avons d’accepter une société pluriculturelle et de nous accueillir les uns les autres.

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