Les 450 prophètes de Baal

 

Gilles Castelnau

 

Le Dieu Baal auquel s’oppose le prophète Elie et dont le culte était si populaire en Israël qu’il y avait même sa statue dans le Temple de Jérusalem (2 Rois 23), avait toutes les raisons d’intéresser tout le monde.

Il était un Dieu combattant et sauveur. Dieu de l’orage et de la pluie fécondante et vitale.

Il luttait aussi contre Mot, Dieu de la Mort.

Il luttait contre Yam, Dieu de la Mer (les Hébreux avaient horreur de la mer) et des brumes d’eau salée qui desséchaient les champs proches de la mer.

Le succès qu’il donnait aux champs et aux troupeaux plaisait d’autant plus que Yahvé ne s’en préoccupait guère et demandait en plus de partager avec les défavorisés. Baal n’avait pas ces exigences éthiques et, comme le Génie de la Lampe des Mille et une nuits, favorisait celui qui l’invoquait sans tenir compte de sa conduite ou de son inconduite. Il n’édictait pas de règles morales.
Son culte était fait de danses frénétiques, de scarifications faisant couler un peu du sang symbole de la vie, d’actes sexuels symboles de fécondité (il y avait des prostitués et prostituées sacrées dans les lieux de culte et même dans le Temple de Jérusalem). Mais aucune réflexion éthique ou sociale.

La Bible polémique contre Baal et attribue certaines de ses caractéristiques à Yahvé lui-même :

Psaume 74.13-15
(O Dieu…) Tu as vaincu Yam par ta puissance,
Tu as brisé les têtes des monstres sur les mers
Tu as écrasé la tête du Léviathan,
Tu l’as donné pour nourriture au peuple du désert.
Tu as fait jaillir sources et torrents.
Tu as mis à sec des fleuves qui ne tarissent point.

Psaume 89
Tu as dompté l’orgueil de Yam
Quand ses flots se soulèvent, tu les apaises…
La justice et l’équité sont la base de ton trône.
La bonté et la fidélité sont devant ta face.

Osée 2.10 :
(Dieu dit en parlant du peuple 🙂
Elle n’a pas reconnu que c’était moi (donc : non pas Baal) qui lui donnais le blé, le vin nouveau et l’huile.

Dans ses fameux récits légendaires centrés sur celui des « 450 prophètes de Baal », le 1^er livre des Rois présente l’opposition de Yahvé et de Baal alors que le roi Achab introduit officiellement le culte de Baal en Israël :

I Rois 16.32 :
(Le roi Achab) éleva un autel à Baal dans le temple de Baal qu’il bâtit à Samarie.

Présence paradoxale de Yahvé sur le territoire de Baal et de Baal sur le territoire de Yahvé

I Rois 17
Elie, fidèle à Yahvé, annonce que Baal, prétendu maître de la pluie, est en réalité incapable de la faire tomber et que la sécheresse ravagera désormais Israël, puisque Yahvé n’y est plus adoré.
Il quitte lui-même Israël et s’installe en territoire de Baal où la sécheresse règne évidemment aussi. Et c’est Yahvé qui traverse la frontière, le nourrit par les corbeaux et fait régner l’abondance de l’huile et de la farine pour la veuve de Sarepta qui l’accueille.

I Rois 18
La sécheresse provoque une famine mortelle en Israël, où Baal s’avère toujours incapable de faire pleuvoir.
Élie, au nom de Yahvé, provoque en duel sur leur propre terrain, les 450 prophètes de Baal : pourront-ils maîtriser le feu de l’orage et la pluie, caractéristiques de Baal ? Baal pourra-t-il ramener ainsi la vie et l’abondance au peuple qui met sa confiance en lui ?
Le résultat est négatif : « Il n’y eut ni voix ni signe d’attention » (v. 29).

Par contre Yahvé entre sur le terrain de Baal, montre sa maîtrise des éléments et fait tomber le feu du ciel sur le sacrifice préparé par Élie.

La preuve est ainsi faite que Baal ne possède pas la puissance céleste qu’on lui prête et que ses prophètes, loin d’être des prophètes de vie, ne sont que des messagers de mort.
Et lorsque les prophètes de la mort sont eux-mêmes mis à mort, la vie revient :
v.45 : « Le ciel s’obscurcit par les nuages, le vent s’établit, et il y eut une forte pluie. »
Baal prétendu Dieu de vie n’est qu’un Dieu de mort.

Yahvé que l’on ne définit jamais comme le maître de la pluie et de l’abondance mais comme le garant de l’Alliance scellée avec Abraham et le libérateur d’Égypte se révèle universel et plus puissant même que le Dieu de l’abondance symbolisée par la pluie bienfaisante.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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