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Confessions de foi et fidélité

  Laurent Gagnebin

 

La Réforme est un retour aux sources avec simultanément le souci de s’adresser aux fidèles de son temps. Elle a, par conséquent toujours dû réfléchir à la signification de la « vraie fidélité ».

Le rapport entre la tradition et l’actualisation des différents éléments liturgiques de nos cultes est une question récurrente. Cette problématique a des accents très protestants. Dès les origines, la Réforme a voulu un retour aux sources, une fidélité retrouvée à la Bible et aux Pères. Ce mouvement se tournait vers l’amont avec l’idée que plus un fleuve s’éloigne de sa source, plus il risque d’être pollué. Mais, simultanément, la Réforme a toujours voulu regarder vers l’aval ; il s’agissait là de s’adresser directement (sacerdoce universel) aux fidèles et cela de manière compréhensible pour tous (abandon de la messe et de la Bible en latin). Un souci des contextes et de l’aujourd’hui du culte orientait la Réforme. On pourrait reprendre à ce sujet la formule de Jean Jaurès : « C’est en allant vers la mer qu’un fleuve est fidèle à sa source ».

 

La prédication fait partie de la liturgie

On a prétendu que le culte vivait un équilibre harmonieux dans la mesure où, de toute façon, la liturgie y représentait la tradition et la prédication l’actualisation. Cela est faux. On oubliait là que la prédication fait partie de la liturgie et qu’on peut montrer sa part de fidélité à des traditions. La prédication, ni dans son fond ni dans sa forme, n’est un aérolithe tombé du ciel. Quant à la liturgie, elle est largement habitée par un souci d’actualisation sans laquelle plusieurs de ses parties n’auraient plus aucun sens. La sonnerie des cloches, la salutation, la confession des péchés (souvent si actuels), les annonces, l’intercession, l’offrande, l’exhortation finale, tout cela fait appel à notre présent et s’y réfère. Quant au pain partagé de la cène, il nous renvoie à un « donnez-leur vous-mêmes à manger » qui ne plane pas dans un ciel métaphysique et atemporel. Quid des confessions de foi ?

Par fidélité à une histoire et à une tradition, à un « nous » œcuménique, certains privilégieront comme confessions de foi le Symbole de Nicée-Constantinople ou le Symbole des Apôtres. D’autres voudront des textes plus fidèles à la Bible, ces grandes confessions de foi ignorant de fait l’enseignement, la prédication et les actes de Jésus. Dit-on l’essentiel de la foi en retirant cet aspect central et immense des évangiles ? Fidélité à la Bible aussi en refusant un vocabulaire et des catégories qui lui sont hétérogènes, relevant d’une philosophie grecque (« de même substance que le Père ») qui nous est devenue étrangère.

 

La fidélité aux cadres de notre temps

On insistera alors sur la nécessité d’une fidélité à la culture et aux cadres scientifiques de notre temps. Jésus « monté au Ciel » et qui en « reviendra », c’est là une vision du monde dépassée. D’aucuns penseront en entendant de telles expression : ils en sont encore là ! On nous dira qu’il ne s’agit pas tant de voir ce que ces textes disent, mais bien ce qu’ils veulent dire. C’est parfaitement exact. Mais nos contemporains ne sont plus, dans leur grande majorité, des initiés ; ils prennent par conséquent ces expressions au pied de la lettre. On répondra que ces manières de dire sont symboliques ; assurément, mais seulement en partie, parce que la conception de l’univers en trois étages (ciel, terre, enfer) n’était pas d’abord imagée, mais correspondait à la vision pour ainsi dire scientifique du monde d’alors. Elle n’est plus la nôtre.

La vraie fidélité, quand on parle des confessions de foi, consistera donc à faire, aujourd’hui, le même effort que nos devanciers, hier, quand ils ont dit leur foi pour tous dans les contextes culturels et philosophiques de leur temps ; et non pas à répéter des formulations sans échos de notre temps et pour lui.

 

Une confession de foi

Je crois en Dieu. Par lui l’univers et notre existence sont créés toujours à nouveau. Dans le chantier du monde, son Esprit nous anime et nous porte. Il donne chaque jour à notre vie un sens positif, une dignité fondamentale, une vocation créatrice.

Dieu est l’avenir de l’humain. Sa présence éternelle dépasse les espaces et les temps.

Je crois que Jésus nous fait entendre Sa parole. Il est celui que nous écoutons et auquel nous regardons pour savoir qui est Dieu et qui est l’homme : un Dieu d’amour, selon la Bible ; un Dieu pour lequel l’être humain et la terre entière sont une espérance invincible. 
En Jésus, l’homme et Dieu sont à jamais ré-unis et inséparables. Il est un exemple pour nous et pour le monde.

Nous reconnaissons une seule Eglise, universelle et connue de Dieu seul. Elle existe par-delà les institutions chrétiennes et les frontières religieuses.

Je crois à l’amour plus fort que la mort.

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À propos Gilles

a été pasteur à Amsterdam et en Région parisienne. Il s’est toujours intéressé à la présence de l’Évangile aux marges de l’Église. Il anime depuis 17 ans le site Internet Protestants dans la ville.

Un commentaire

  1. andre.durussel@bluewin.ch'

    Une confession de foi ?
    Lu avec intérêt ces lignes fondamentales qui redéfinissent la religion réformée dans une perspective libérale. Mais pourquoi cette « réduction » attribuée à Dieu lui-même comme « l’avenir de l’humain » ?
    J’ai envie de dire: l’avenir de tous les êtres vivants, de toute créature à laquelle Il a donné son souffle de vie sur cette petite planète. Cette focalisation sur l’humain seulement est le fruit d’une pensée anthropocentrique qui n’est plus de mise aujourd’hui. Il serait grandement souhaitable que nos confessions de foi formulent désormais cette ouverture. La nature et les animaux qui nous accompagnent seraient en effet mieux considérés, et non plus des choses-objets.

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