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A défaut de communier ensemble, nous pouvons jeûner ensemble

La Fédération protestante de France a fait sa rentrée médiatique 2014 ce mardi 7 octobre. Pour l’occasion, le président François Clavairoly s’était entouré du pasteur Jane Stranz responsable du Service des Relation avec les Eglises Chrétiennes (SREC) et du pasteur Georges Michel qui vient d’être nommé Secrétaire Général de la Fédération.

En présence des communicants des Œuvres et Mouvements protestants (Fondation John Bost, Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes, Fédération de l’Entraide Protestante, Armée du Salut…) François Clavairoly a passé en revue les principaux dossiers du moment.

Fédération protestante de France

Fédération protestante de France

Paris Climat 2015

Le 4 juin dernier, la Fédération protestante lançait l’opération « Jeûne pour le climat » à effectuer chaque premier jour du mois. L’objectif est de sensibiliser l’opinion publique avant la conférence sur le climat qui se tiendra l’an prochain à Paris et de faire pression sur les négociations au niveau de l’ONU pour que le futur traité international soit à la hauteur de l’espérance formulée par ce collectif : que la question du climat ne soit pas sacrifiée sur l’autel de la crise économique. Un colloque se tiendra à la faculté de théologie protestante de Paris les 29 et 30 novembre prochains « terre créée, terre abîmée, terre promise ».

2017 : thèses de Luther

Le prochain rassemblement national des protestants aura lieu à Lyon en 2017, année de la commémoration du geste réformateur de Martin Luther qui a affiché 95 thèses contre les indulgences. En choisissant la ville de Lyon, le président Clavairoly indique avoir choisi un lieu symbolique sur le plan du christianisme pour inscrire cette démarche dans une dimension œcuménique. Pour le nouveau secrétaire général Georges Michel, il s’agira de tenir à la fois un budget plus serré qu’en 2013 lors de l’édition parisienne de Protestants en fête et de pouvoir associer très largement les différentes composantes du protestantisme.

Georges Michel

Georges Michel

Pasteur de l’Union d’Assemblées Protestantes en Mission, le pasteur Georges Michel a un passé professionnel dans le monde du commerce qui lui permet de pouvoir faire face aussi bien aux exigences d’une gestion rigoureuse que de l’accompagnement des services de la Fédération. Évoquant les dimensions régionales et locales de la vie fédérative, il sera soucieux de favoriser les relations entre les pasteurs des différentes Eglises.

 

 

Œcuménisme
De son côté, Jane Stranz désormais à la tête du SREC, insiste sur le terme « relation » qui sera le maître-mot de son action. Souhaitant partir de ce qui se vit entre les Eglises au niveau local, elle considère que le moment est venu d’aller au-delà des discussions doctrinales pour consacrer l’essentiel de ses efforts sur des actions qui peuvent être menées en commun. Cette dimension vaut autant pour les relations des protestants avec les autres chrétiens qu’au sein du protestantisme. Elle précise que le temps n’est plus au bilatéralisme mais au travail œcuménique rassemblant toutes les sensibilités. Cela implique une forme de lenteur qu’il ne faut pas nécessairement regretter dans la mesure où elle permet de tisser des liens en profondeur. La lenteur pourrait même être une manière de penser l’œcuménisme à l’aune de l’écologie : penser les relations entre Eglises en termes de développement durable.

Si Jane Stranz constate qu’il y a toujours de nombreuses tensions entre les Eglises, elle rappelle que l’unité est un point de départ qu’il s’agit de redécouvrir comme quelque chose déjà offert. Le bonheur d’être chrétien pourrait s’éprouver dans la possibilité d’être heureux de vivre avec d’autres chrétiens. Lorsqu’on l’interroge sur la question de la communion, elle pointe tout d’abord les problèmes de compréhension qu’il faut surmonter : pour certains dont les orthodoxes, la communion eucharistique n’est possible qu’à la condition qu’il y ait d’abord une communion ecclésiale. Cela implique de faire un effort de compréhension de la théologie de l’autre, Jane Stranzmais aussi d’envisager les changements que chacun doit opérer. A une époque où « nous assistons de plus en plus à une vie d’Eglise poreuse, beaucoup de chrétiens ne se satisfont plus des murs ou des frontières œcuméniques qui ont été établis au cours des siècles », déclare Jane Stranz. Elle rappelle que « les représentants du Conseil Pontifical ne veulent pas créer l’unité par opposition à un tiers », répondant à une question sur la place de la théologie libérale dans le paysage chrétien actuel. Elle suggère de penser d’autres formes de communion à travers l’engagement social, missionnaire ou par une communication plus étroite avec la société. De même qu’il y a un jeûne pour le climat, à défaut de communier ensemble, nous pouvons jeûner ensemble. Jane Stranz invite les chrétiens à creuser par rapport au désir de communion pour qu’une nouvelle conversion des Eglises se fasse à partir de la détresse de leurs membres.

Jane Stranz

François Clavairoly termine le tour d’horizon avec le Bicentenaire du protestantisme à Haïti en 2016 et, plus proche de nous, la situation des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) dont les financements sont de plus en plus incertains, ce qui est vrai de manière plus générale pour l’ensemble des institutions qui interviennent dans le champ social, centre sociaux en tête. Nicolas Robert, chargé de communication de la Fédération de l’Entraide Protestante confirme qu’un travail de sensibilisation est désormais nécessaire, à la fois pour resserrer le réseau protestant et pour réformer les politiques publiques. Enfin, François Clavairoly annonce la publication prochaine d’un appel en faveur des chrétiens en Orient avec une levée de fonds pour venir en aide à ces populations.

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À propos James Woody

Pasteur de l'Église protestante unie de France à Montpellier et président d'Évangile et liberté, l'Association protestante libérale.

Un commentaire

  1. jane.stranz@gmail.com'

    Merci pour ce retour très vite James – juste pour rectifier la citation que tu mets dans ma bouche, elle était prononcée par François Clavairoly. Dans ce que j’ai dit concernant le bilatéralisme – je n’ai pas dit plus (j’espère!) mais « pas seulement » – il y a je pense une grande différence. Nous avons mentionné plusieurs dialogues bilatéraux et leurs fruits ce matin .Il y a plusieurs formes d’oecuménisme – le bilatéral est important (CNEF-CPLR par exemple, Du Conflit à la communion etc.) mais il n’est lpas a seule forme – en protestantisme nous avons besoin de voir si nous arrivons à vraiment vivre en communion avec la diversité que par ailleurs nous prisons tant. Les modèles pour l’avenir doivent prendre en compte d’un côté la complexité grandissante et de l’autre mettre en valeur le chemin parcouru et l’existant. Et sortir surtout de l’indifférence et du chacun pour soi. Il me semble avoir plaidé pour un modèle relationnel.

    Je proposais le jeûne eucharistique non pas « à défaut de pouvoir communier ensemble » mais comme un acte qui prend le temps de la lenteur (slow church, slow ecumenism), un acte qui prend l’autre au sérieux, qui prend le chemin liturgique et doctrinal à faire au sérieux, et qui prend la détresse que provoque notre manque de communion au sérieux. conjuguer urgence et patience n’est pas simple – passer outre le réel travail qui reste à faire et ne construira pas la reconnaissance mutuelle.

    Merci pour ta présence ce matin et tes questions.

    Amitiés,
    Jane

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