Le mot « louange » est un beau mot. Déjà dans sa sonorité qui évoque ou invoque les anges ; puis par son sens qui évoque le remerciement, la reconnaissance. Une sorte d’hommage mais sans attendre la mort… Soyons autocritiques : nos spiritualités parfois privilégient des aspects ternes ou même négatifs. On organise la repentance pour la transformer en culpabilisation, on recherche la rigueur jusqu’à être atteints de sinistrose aiguë, on oublie le sourire… Sur ce terrain-là, la louange apporte indéniablement un vent de fraîcheur.
Mais le problème, c’est l’excès de louange, c’est la louange mise à toutes les sauces. Dans certains mouvements, ou même Églises, on se croit obligé de hurler pour que Dieu entende notre louange. Parfois aussi, on nous dit de lever les mains en les agitant comme pour dévisser des ampoules. Et que dire alors de la pratique du « parler en langues » où chacun émet des sons bizarres et autres borborygmes qui mériteraient d’être analysés par des spécialistes des phénomènes d’hystérie collective ? Cela pose trois questions :
Une question intellectuelle : la religion est-elle pur affect ou bien traduction en mots raisonnés d’une expérience et d’une conviction qui nous font vivre ? La raison ne s’oppose pas à la foi, pas plus que la foi à la raison.
Une question théologique : qui est ce Dieu qui aurait besoin à ce point d’être remercié tout le temps ? Comment concilier la grâce (la gratuité) et cette exigence infinie de reconnaissance ? Lorsque Dieu donne, il donne sans élastique !
Une question psychologique : certes, notre société est en crise de reconnaissances, dans tous les secteurs de la vie (familiale, professionnelle, politique et même ecclésiale). Mais faut-il pour autant rattraper ce manque par une infantilisation du discours et des pratiques ?
La louange est un bien précieux, bien trop précieux pour en laisser le monopole à ceux qui en parlent tout le temps. La fraternité humaine passe aussi par le poids des mots. À nous des les trouver, en restant adultes et intelligibles.
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