Bénir est l’acte le plus évangélique qui soit.

Pourquoi ? Parce que la grande visée de la prédication chrétienne est de nous faire passer de la malédiction à la bénédiction. Le Christ est le « oui » magistral que Dieu adresse à l’humanité. En Christ, plus rien ne condamne au médiocre, à la laideur, à l’échec, au malheur. Christ n’est pas seulement le point de rencontre entre le divin et l’humain, entre le ciel et la terre, entre l’absolu et le relatif, il est ce qui transcende l’humanité, ce qui l’élève en l’affranchissant de tout ce qui la rabaisse. Le Christ est la bénédiction de Dieu au monde. Il est notre approbation radicale, sans réserve, sans retenue. Il est ce qui nous permet de relever la tête et de ne plus avancer dans l’histoire l’échine courbée, en guerre permanente contre nous-mêmes. Il est, à ce titre, ce qui nous sauve. Oui, Christ sauve, car la bénédiction dont il est le nom, l’incarnation, nous libère de l’emprise de ce qui, en nous et en l’autre, nous brise et nous maudit. Mais la bénédiction n’est jamais le bon mot d’un beau discours et, encore moins, un petit geste aux apparences magiques. Bénir est une lutte. Un combat. C’est une lutte contre ce qui nous condamne à la malédiction. Le racisme, l’homophobie, la détestation de soi, l’exclusion sociale sont autant de malédictions mortifères. Bénir, c’est lutter contre la malédiction par des réformes sociales et économiques, des prédications prophétiques et libératrices, des oeuvres de la science et de la culture qui grandissent l’humain, par des exploits qui poussent toujours plus loin nos limites. « Bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés », nous dit l’épître de Pierre (1 P 3,9). Être chrétien, ce n’est rien d’autre que bénir

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